Le samedi 15 février 2025, Muhsin Hendricks, premier imam ouvertement gay et militant pour les droits de la communauté LGBTQIA+, a été abattu par balle près de Port Elizabeth, dans le sud de l’Afrique du Sud.
Un meurtre tragique motivé par l’homophobie. Muhsin Hendricks, une figure controversée et pionnière, a fait son coming out en 1996. Cette même année, il a fondé The Inner Circle, un groupe destiné à soutenir les musulmans homosexuels. À 57 ans, cet imam a dirigé une mosquée où les musulmans gays et les femmes marginalisées peuvent pratiquer l’islam, selon les informations publiées sur son site web.
L’imam était en route pour célébrer le mariage de deux femmes lesbiennes lorsqu’il a été attaqué. Le crime, qui semble lié à ses engagements pour les droits de la communauté LGBTQ+, a eu lieu en pleine journée près de la ville de Gqeberha, lorsqu’un véhicule a bloqué le sien. Deux suspects, leur visage couvert, ont ouvert le feu à plusieurs reprises sur le véhicule, tuant Hendricks alors qu’il se trouvait sur le siège arrière.
Les images de l’attaque, captées par les caméras de sécurité et relayées sur les réseaux sociaux, ont été confirmées par la police locale. Bien que les autorités n’aient pas encore confirmé le mobile exact de l’assassinat, les circonstances laissent penser qu’il s’agit d’un crime de haine.
Le meurtre de Muhsin Hendricks a provoqué une onde de choc dans la communauté LGBTQ+ et au-delà. L’association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexes (ILGA World) a exprimé son indignation face à ce meurtre qu’elle qualifie de « crime de haine ». Julia Erht, la directrice exécutive de l’ILGA World, a demandé à ce que les autorités mènent une enquête rigoureuse.
La constitution sud-africaine, pionnière en matière de droits LGBTQ+, protège les citoyens contre la discrimination liée à l’orientation sexuelle. En 2006, l’Afrique du Sud est devenue le premier pays du continent à légaliser le mariage homosexuel. Toutefois, malgré une communauté LGBTQ+ dynamique, les personnes homosexuelles continuent de subir des discriminations et des violences.
Pour rappel, Muhsin Hendricks, lors de la conférence mondiale de l’ILGA au Cap en 2024, avait souligné l’importance du dialogue interconfessionnel pour lutter contre les stéréotypes et les préjugés. Il avait aussi insisté sur la nécessité de prendre en compte les problèmes de santé mentale et les traumatismes vécus par les personnes LGBTQ+ dans les communautés religieuses. « Il est important que nous cessions de considérer la religion comme l’ennemi », avait-il affirmé.