Ce samedi 11 mai 2024, la marche pacifique organisée par les centrales et confédérations syndicales du Bénin a finalement pu se dérouler sans entraves, marquant ainsi une victoire pour les travailleurs. Contrairement aux précédentes tentatives du 27 avril et du 1er mai, la police n’a pas perturbé l’itinéraire des manifestants, mais les a au contraire encadrés pour garantir le bon déroulement de la manifestation.
Dans une atmosphère ordonnée, les travailleurs ont massivement répondu à l’appel des responsables syndicaux tout en portant fièrement les couleurs de leurs confédérations. Certains ont gardé des affiches portant le message : ‘’Non à la gouvernance qui affame’’. Sous la direction des dirigeants syndicaux, les manifestants ont parcouru, en toute tranquillité, les rues de Cotonou au son des fanfares.
Certains ont exprimé leur mécontentement en lançant des slogans comme : ‘’On a faim’’, tandis que d’autres se sont contentés de danser et d’applaudir. Sur leur chemin, les marcheurs ont été soutenus par des passants, des conducteurs de taxi-motos et des vendeuses du marché Saint-Michel.
Arrivés à la place de l’Étoile Rouge, où la marche avait été bloquée par le passé, les leaders syndicaux ont pris la parole pour expliquer les raisons de leur mobilisation. Noël Chadaré, Secrétaire général de Cosi-Bénin, a souligné que cette marche n’était pas un acte de défiance, mais plutôt une manière de signifier au gouvernement de Patrice Talon les préoccupations des travailleurs.
Dans leur motion, ils ont exprimé leur profonde préoccupation par rapport à la cherté de la vie qui sévit au Bénin, pointant du doigt la mauvaise gouvernance et la politique fiscale du gouvernement de Patrice Talon comme principales causes.
Les responsables syndicaux ont aussi souligné que cette situation entraîne une pauvreté généralisée, avec 80% des béninois vivant en dessous du seuil de pauvreté, selon une enquête d’Afrobaromètre de 2022. Ils ont fait part de leur mécontentement au Président Patrice Talon tout en affirmant que les béninois souffrent et sont fatigués de cette situation qui perdure.
Les travailleurs ont appelé le chef de l’Etat à prendre des mesures immédiates pour atténuer la cherté de la vie, ainsi qu’à ouvrir un dialogue franc et productif avec les syndicats pour répondre aux revendications des travailleurs et aux aspirations du peuple. Ils ont également demandé la libération des 21 détenus suite à la marche du 1er mai 2024 et la réintégration des 20 dockers licenciés en mai 2017 pour fait de grève.
Il faut rappeler que cette marche intervient après des semaines de tensions entre les syndicats et les autorités, et précède une rencontre qui serait prévue pour le 23 mai entre le Président Patrice Talon et les représentants syndicaux, comme l’a annoncé Moudassirou Bachabi, Secrétaire général de la Confédération générale des Travailleurs du Bénin.
