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Burkina Faso : Dissolution de l’Association des Journalistes , un coup dur pour la liberté de la presse.

Le gouvernement militaire du Burkina Faso a annoncé mardi la dissolution de l’Association des Journalistes du Burkina (AJB), une organisation qui a longtemps joué un rôle clé dans la défense de la liberté de presse dans le pays. Cette décision, prise par le ministre de l’Administration territoriale, Emile Zerbo, fait suite à l’arrestation de deux figures de proue de l’AJB, Guézouma Sanogo et Boukari Ouoba, qui avaient publiquement dénoncé les restrictions à la liberté d’expression.

Le gouvernement justifie cette mesure par des raisons administratives, évoquant un non-respect de la loi de 2015 sur le statut des associations. Selon le ministre Zerbo, l’AJB ne serait plus une entité légale depuis cette date. « En vertu de cette loi, l’Association des Journalistes du Burkina est dissoute ou inexistante », a-t-il affirmé. Cette décision est perçue par de nombreux observateurs comme une tentative d’affaiblir l’un des derniers bastions de la liberté de la presse au Burkina Faso.

Cette annonce intervient après une série d’événements inquiétants, dont l’arrestation de Guézouma Sanogo, journaliste à la Radio-télédiffusion du Burkina (RTB), qui avait exprimé de vives critiques contre les atteintes à la liberté de presse. Lors d’un congrès de l’AJB, Sanogo avait qualifié ces violations de « jamais égalées », dénonçant la RTB et l’agence d’information du pays comme des « outils de propagande ».

Le 24 mars, Sanogo et Boukari Ouoba ont été interpellés par des personnes se présentant comme des policiers des services de renseignement et emmenés dans une destination inconnue. Un autre journaliste, Luc Pagbelguem de la chaîne BF1, a également été arrêté après avoir couvert le congrès de l’AJB.

Le ministre Emile Zerbo a averti que toute personne tentant de maintenir l’Association des Journalistes du Burkina en activité ou de la soutenir serait passible de sanctions. Cette annonce fait craindre une nouvelle intensification de la répression des médias et des voix dissidentes dans le pays.

Reporters sans frontières (RSF) a immédiatement réagi à cette dissolution, qualifiant cette décision de « mesure arbitraire et politique » visant à réduire au silence toute opposition. L’organisation dénonce également l’escalade de la répression des journalistes et des médias, qui s’intensifie depuis la prise de pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022.

Depuis cette prise de pouvoir, le Burkina Faso a connu une série d’enlèvements de journalistes critiques, avec sept cas signalés en 2024. Certaines de ces disparitions demeurent non résolues, exacerbant l’inquiétude sur la situation des journalistes dans le pays.

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