L’île de Madagascar est secouée par l’assassinat brutal de Narindraniana Ranivoarivony, maire de la commune rurale de Mangataboahangy dans la région d’Amoron’ny Mania. Agée de 31 ans et issue du parti présidentiel, elle a été tuée par balle en fin de semaine dernière par des individus armés, quelques jours seulement après sa prise de fonction. Six suspects ont été arrêtés, mais les raisons de ce crime restent encore floues, selon les autorités.
Cette tragédie survient dans une région particulièrement touchée par les violences liées au vol de zébus, une pratique répandue dans plusieurs zones de Madagascar. Les maires, souvent en charge de délivrer des documents d’attestation de propriété, deviennent des cibles vulnérables dans ce contexte. Jeannot Rasoloarison, professeur d’histoire contemporaine, explique que les tensions éclatent souvent lorsqu’un maire refuse de délivrer ces documents pour des raisons liées à la provenance douteuse du bétail, ce qui peut mener à des conflits violents avec les éleveurs ou les voleurs.
Le vol de zébus, alimenté par des groupes armés et un marché noir en pleine expansion, nourrit des rivalités locales et place les élus ruraux en première ligne des violences. « Cet assassinat n’est malheureusement pas un cas isolé », déplore un habitant de la région, qui préfère rester anonyme.
Mais au-delà de l’insécurité, ce meurtre soulève également des questions sur la place des femmes en politique à Madagascar. Estelle Andriamasy, présidente du Conseil National des Femmes, dénonce un système qui fait peser sur les femmes élues des menaces et des intimidations. « Les candidates et élues subissent des menaces et des intimidations, alimentées par des stéréotypes qui considèrent les femmes comme inaptes à exercer le pouvoir. », explique-t-elle. Elle rappelle que seulement 20 % des parlementaires malgaches sont des femmes, un chiffre qui témoigne des résistances culturelles face à l’accès des femmes aux responsabilités politiques.
Face à cette tragédie, la police nationale a annoncé l’envoi de renforts dans la région d’Amoron’ny Mania afin de lutter contre l’impunité et de rétablir la sécurité. Une enquête approfondie a également été promise pour élucider les circonstances du meurtre et découvrir les responsables.
Dans un pays déjà confronté à une crise politique et économique, exacerbée par la pandémie, ce drame souligne l’urgence de renforcer la protection des élus locaux et de sécuriser les zones rurales. Il pose aussi la question de la capacité de Madagascar à garantir une participation politique inclusive, sans violences ni discriminations.