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« Il y a plus de médecins béninois en Île-de-France qu’au Bénin » : Roselyne Bachelot dénonce un déséquilibre éthique.

Roselyne Bachelot, ancienne ministre française, a exprimé son indignation lors de l’émission On Refait le Monde sur RTL, ce 19 octobre 2024, en soulignant une problématique majeure : la migration massive des médecins béninois vers la France. Selon elle, « il y a plus de médecins béninois en Île-de-France qu’au Bénin », une réalité qu’elle juge « éthiquement problématique ».

Bachelot a dénoncé ce qu’elle qualifie de « pillage des cerveaux », expliquant que la France exploite les talents formés dans des pays en développement, notamment le Bénin, à son propre avantage.     «On est en train de  ponctionner la richesse vive de ces pays à notre profit », a-t-elle déploré, soulignant que cette situation aggrave les difficultés déjà existantes dans ces pays en matière de soins de santé.

Elle a également pointé du doigt un changement dans les parcours de formation des médecins étrangers en France. Autrefois, la majorité de ces professionnels de santé se formaient dans l’Hexagone avant de rejoindre le système de santé français, mais aujourd’hui, beaucoup d’entre eux, comme les médecins béninois, sont formés dans leur pays d’origine. « Ils sont parfois formés au Bénin. C’est à dire qu’on pourrait dire « on a payé leurs études ». Mais, pas toujours. », a-t-elle précisé.

Ce phénomène de fuite des cerveaux n’est pas nouveau. En 2007, Habib Ouane, coordinateur d’un rapport de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), avait déjà relevé que l’Île-de-France comptait plus de médecins béninois que le Bénin lui-même. Cette tendance continue, attirée par les conditions d’exercice plus favorables en France.

Les statistiques actuelles du Conseil national de l’ordre des médecins renforcent cette observation. Au 1er janvier 2024, la France comptait 30 961 médecins en activité ayant obtenu leur diplôme à l’étranger, soit une hausse de plus de 101% par rapport à 2010. Parmi ces médecins, beaucoup sont concentrés dans les départements du bassin parisien, comme Paris (2 332 médecins), le Val-de-Marne (1 189), la Seine-Saint-Denis (1 012) et le Val-d’Oise (1 002). Le Bénin figure également dans le « Top 10 » des pays non-européens d’origine des médecins exerçant en France, avec 1,3 % du total.

La France attire les médecins étrangers à travers des meilleures conditions d’exercice et de traitement qu’elle leur offre. L’ex-ministre pense que ce n’est pas une meilleure façon de faire. Elle a conclu en appelant à des réformes structurelles pour corriger ce déséquilibre. « Il faut des réformes de structure et pas forcément réinjecter de l’argent », a-t-elle affirmé.

En dehors de l’Europe, ces médecins étrangers trouvent peu d’intérêt à exercer dans les départements d’outre-mer ou des régions comme la Corse, préférant les grandes agglomérations françaises où les conditions de travail et les opportunités sont plus attractives.

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