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Révolution technologique : Quand l’IA remplace les professeurs dans une école de l’Arizona.

L’intelligence artificielle (IA) fait de plus en plus son entrée dans le domaine de l’éducation, et un projet novateur en Arizona pousse cette évolution à un niveau extrême. L’Unbound Academy, une école en ligne qui ouvrira ses portes en cette année, prévoit de remplacer les enseignants humains par des tuteurs IA pour enseigner des matières fondamentales telles que la grammaire, les mathématiques et la lecture.

Cette initiative soulève une question importante : l’intelligence artificielle pourrait-elle vraiment remplacer les enseignants ? Quels en sont les avantages et les dangers dans un modèle éducatif de plus en plus automatisé ?

Approuvée en 2024 par le Conseil d’État de l’Arizona, l’Unbound Academy accueillera 250 élèves, allant du CM1 à la 4ᵉ. L’école mise principalement sur l’intelligence artificielle pour dispenser son enseignement, un modèle inédit dans le système éducatif américain. Ce projet s’inscrit dans une tendance plus large aux États-Unis où le marché de l’éducation est de plus en plus libéralisé, ce qui favorise l’émergence des solutions EdTech (technologies éducatives).

L’IA, en offrant une personnalisation des apprentissages selon les besoins individuels des élèves, promet de maximiser l’efficacité de l’enseignement et d’optimiser les ressources. Toutefois, cette approche soulève de nombreuses questions éthiques et pédagogiques.

L’idée d’automatiser l’éducation n’est pas nouvelle. Dès les années 1930, le psychologue B.F. Skinner avait créé des « machines d’enseignement » capables de fournir des retours instantanés aux élèves pour améliorer l’apprentissage. L’objectif à l’époque n’était pas de remplacer les enseignants, mais de rendre l’éducation plus accessible et efficace. L’essor des chatbots et de l’IA générative a accéléré cette tendance, mais la question qui reste posée: peut-on vraiment remplacer l’interaction humaine dans l’apprentissage ?

Remplacer un professeur par une IA comporte plusieurs risques, notamment l’absence d’interaction humaine. L’éducation ne se résume pas seulement à la transmission de connaissances ; elle repose aussi sur l’accompagnement émotionnel, la motivation et l’adaptabilité humaine. En outre, tous les élèves n’ont pas un accès égal à la technologie, ce qui pourrait aggraver les inégalités éducatives.

Un autre défi réside dans la fiabilité des contenus générés par l’IA, qui peuvent être erronés ou inadaptés au contexte spécifique d’un élève. L’IA manque de la nuance qu’un enseignant humain peut apporter. Enfin, la collecte de données massives sur les élèves soulève des questions sérieuses de confidentialité et de protection des informations personnelles.

Contrairement aux États-Unis, la France adopte une approche beaucoup plus régulée de l’utilisation de l’IA dans l’éducation. Des lois comme le RGPD et l’AI Act encadrent strictement l’usage des outils numériques dans les écoles. Le Code de l’éducation veille à limiter l’exposition des élèves aux écrans et à sensibiliser aux dangers du numérique. En France, l’accent est mis sur le rôle fondamental des enseignants et de l’interaction humaine dans l’apprentissage.

Antoine Amiel, expert EdTech, précise que l’IA doit être un outil au service des enseignants, et non leur substitut. L’objectif est de renforcer la pédagogie, pas de remplacer le rôle central des professeurs.

Plutôt que de remplacer les enseignants, l’IA pourrait être utilisée pour personnaliser l’apprentissage en fonction des besoins de chaque élève, automatiser des tâches répétitives (comme la correction ou la création de supports pédagogiques), et améliorer le suivi des élèves via des outils de tutorat intelligents. L’Europe devrait également soutenir ses propres entreprises EdTech pour éviter une dépendance excessive vis-à-vis des géants américains de la technologie.

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