La commission d’enquête sénatoriale sur le scandale des eaux en bouteille affirme que la présidence française était informée depuis au moins 2022 des pratiques illégales de Nestlé. Des documents récemment dévoilés montrent des échanges réguliers entre le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, et le groupe suisse, dans un contexte de lobbying intense.
Le rapporteur de la commission, le sénateur socialiste Alexandre Ouizille, dénonce une complaisance flagrante. Selon lui, l’Élysée n’a pas seulement été passif face aux agissements de Nestlé, mais a également facilité ses démarches auprès de certains ministères. Il interroge : pourquoi aucun signal politique clair n’a été donné pour faire respecter la loi ? Pourquoi tant de place accordée à Nestlé, alors que les autres groupes minéraliers français ont été ignorés ?
Alexis Kohler, convoqué par la commission pour être entendu ce mardi 8 avril, a décliné l’invitation, invoquant à nouveau le principe de séparation des pouvoirs. Un refus jugé « incompréhensible » par Ouizille, surtout après la transmission volontaire de documents par l’Élysée à la commission, preuve selon lui d’une incohérence flagrante dans la position du haut fonctionnaire.
Le président de la commission, le sénateur LR Laurent Burgoa, se dit lui aussi « extrêmement déçu ». Les sénateurs espéraient éclaircir les responsabilités de la présidence dans la tentative d’assouplissement de la réglementation sur la filtration des eaux minérales, révélée en février par Le Monde et Radio France. Des courriels entre l’Élysée et Nestlé attestaient alors de tractations en ce sens.