En Côte d’Ivoire, l’excision nourrit un commerce clandestin inquiétant : la vente de clitoris, prisés pour leurs prétendus pouvoirs mystiques. Ce phénomène a été découvert grâce aux témoignages d’anciens féticheurs, exciseuses et experts et soulève des préoccupations majeures.
Dans certaines régions à Abidjan, des clitoris excisés sont transformés en poudre pour être utilisés comme « philtres d’amour » ou pour obtenir richesse et pouvoir.
« Quand elles coupent le clitoris, les exciseuses le font d’abord sécher pendant un mois ou deux puis elles le pilent avec des cailloux, le résultat est une poudre noire qu’elles mélangent parfois à des feuilles, des racines, des écorces ou du beurre de karité », décrit Moussa Diallo.
Il poursuit en expliquant que cette poudre serait vendu à 100.000 francs CFA si la fille est vierge et à 65.000 francs CFA si elle a déjà eu des enfants.
Selon les explications de Labe Gneble, Directeur de l’Organisation nationale pour l’enfant, la femme et la famille (Onef), « Cet organe est utilisé pour avoir de l’argent ou accéder à de hautes fonctions politiques ». Il ajoute que sur le marché clandestin, son prix peut dépasser 100 000 francs CFA, soit bien au-delà du salaire minimum.
Un ancien féticheur confie : « J’ai mis ça sur mon corps et mon visage pendant trois ans… j’avais trop envie d’être un grand chef. »
Pour l’Unicef, la pratique de l’excision, souvent vue comme un rite de passage ou un moyen de réprimer la sexualité, est une grave violation des droits humains. En plus des souffrances physiques et psychologiques, ses conséquences peuvent être mortelles. Ça pourrait laisser des séquelles comme infections, complications lors des accouchements ou hémorragies.
Les exciseuses, selon Moussa Diallo, font sécher les clitoris avant de les réduire en une « poudre noire » qu’elles mélangent parfois avec du beurre de karité ou des racines pour les vendre.
Ce commerce illégal et dangereux complique les efforts visant à éradiquer l’excision, interdite depuis 1998 en Côte d’Ivoire. Selon Nouho Konaté de la fondation Djigui, certains agriculteurs utilisent cette poudre dans leurs champs pour augmenter leurs récoltes. A Denguélé, des agriculteurs « achètent des clitoris. Ils mélangent la poudre avec les semences pour améliorer la production de leurs champs », explique-t-il.
Certaines femmes utilisent des clitoris réduits en poudre comme aphrodisiaque, espérant par exemple empêcher leur mari d’être infidèle selon les explications de la docteure en criminologie Safie Roseline N’da.
Cependant, les poursuites restent rares. Le lieutenant N’Guessan Yosso déplore le fait que les gens n’aiment pas donner des informations sur les choses sacrées.
Malgré une baisse du taux d’excision, environ 20 % des Ivoiriennes déclarent avoir subi une mutilation génitale, avec des taux dépassant 50 % dans certaines régions du nord. Ce commerce, dénoncé par des ONG comme l’Onef et la fondation Djigui, reste un des obstacles majeurs à l’éradication de ces pratiques ancestrales.
Les mutilations génitales féminines continuent de nuire profondément aux droits et à la dignité des femmes, entretenant un cycle de souffrance alimenté par des croyances mystiques.